dimanche 18 juin 2017

Dame Anastasie chez les nanas

Chuis en train de ranger mes dossiers, et c'est le bordel dans les revues Métaleuses. Déjà, mes Rigolo ont prit l'eau, et c'est pas drôle.
Je tombe sur ce numéro d'actualité, illustré par Liz Bijl :

Il s'agit du dernier numéro de la revue des femmes humanoïdes, paru en septembre 78.

L'été est propice aux coups bas. Ah ! Nana, à son tour, vient d'en faire l'expérience. La sentence est tombée le 18 août : le journal est désormais interdit à la vente aux mineurs. C'est grave, très grave. Quand on sait que cette interdiction signifie que le journal ne sera plus vendu ni dans le métro, ni dans les gares ni dans les aéroports. Mine de rien, cela représente 30% de vente en moins. Nous n'avions pas besoin de cela. Ah ! Nana est un petit journal, avec de petits moyens, aux reins fragiles. Tiré à 30.000 exemplaires, il était vendu à 15.000. Chacune dans l'équipe le savait. Toutes, nous acceptions, parfois en maugréant, des concessions financières pour que le Journal vive. vaille que vaille. Mais les sujets traités : la sexualité des petites filles, le sado-masochisme, la mode. la violence, l'homosexualité et aujourd'hui l'inceste, ont l'heur de déplaire. On n'a pas l'habitude de voir des femmes ruer dans les brancards. Les dessins, les textes, souvent d'un humour vengeur et iconoclaste, nous valent d'être punies. Les marchands de journaux, peureux, ne feront probablement pas la différence entre un journal interdit aux mineurs et un journal interdit tout court. Moralité : Ah ! Nana va mourir. Nous en sommes conscientes et profondément attristées. La censure s'exerce, une fois encore. Entre deux revues de cul, nous tombons. Il ne s'agit pas de s'insurger contre cet amalgame, mais de s'élever contre toute censure. Nous n'avons pas peur des mots, ni des images. Nous le payons aujourd'hui.
Carine Lenfant dans cet ultime numéro

L'été 78 est compliqué aussi pour le mensuel Pilote... qui "n'est plus un journal".

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