dimanche 4 janvier 2009

Les gros ringards du Lombard

Vous allez me dire : "qu'est-ce qu'on s'en fout du Lombard ??"

Ben justement, c'est ça le problème : on s'en fout complètement : le Lombard n'existe pas ! Cette maison n'a aucune identité, alors qu'elle promettait autant que Dupuis ! Créée après guerre, pour éditer les histoires du journal tintin naissant, cette maison partait déjà sur 3 pattes. Les grandes série du journal tintin ne seront pas éditée par les éditions du Lombard, mais par Casterman. Tintin y est édité depuis plus de 10 ans (à partir des Cigares du pharaon, en 1934, après avoir été édité par Le petit XXème), et y a pas de raison que ça change. Étrangement, Lefranc et Alix de Martin, éditées d'abord au Lombard (entre 54 et 61) passent chez Casterman en 65. Cori le Moussaillon y vivra aussi toutes ses aventures. Mais Jacobs, Cuvelier et les Funcken seront des fidèles du Lombard.

Un autre problème de taille, est la confusion entre Dargaud et le Lombard. La maison parisienne diffuse les productions bruxelloise en France, mais le logo appliqué sur les différents albums d'une série, alterne quasiment d'un tome à l'autre :

Ce petit exemple correspond à un de mes premiers questionnements, puisqu'enfant je suivais Luc Orient : au Lombard les #1, 2, 3, 5, 8, 9, 10, 11, 14 et chez Dargaud, les #4, 6, 7, 12, 13 (pis après c'est sans intérêt). Mais qui édite cette série, et pourquoi ?? Pourquoi édite-t-on un livre ? Le Lombard s'est fait voler cette série, comme quasi toutes les autres.
J'ai été abonné à tintin en 75, j'avais 6 ans. On y trouvait Lucky Luke, Blueberry et tout un tas de comics ! Charlier était là dessous...

Du coup, Le Lombard n'a aucune réelle identité !! Bon. Depuis 86, la dissolution dans la baignoire acide de Dargaud a mis fin à toute créativité... juste des plans marqueting. Notons à ce moment, la création des éditions Blanco, par le fils de Leblanc, qui emmènera avec lui quelques auteurs Lombard... le temps de faire faillite...

Je ne crois même pas que les éditeurs furent, à un moment donné, en quête d'une unité... Tiens :

Ou alors Leblanc a une copine maquettiste... 5 éditions, 3 collections, 5 maquettes !!! Ou alors, chaque directeur veut laisser sa petite marque...

En 93, "Les éditions du Lombard" deviennent "Le Lombard", avec un logo horrible et un slogan insipide ("sur les pas de vos héros"), abandonné en 97.
En voila peut-être, un essai d'unité. C'est le moment de la création de "Signé", collection maquettée par Cosey, qui promet d'être prometteuse... on verra ce qu'il en sera !!!

Tiens, la collection, voila un truc qui met de l'unité, qui forge, qui créé de l'identité. Je ne parlerais pas des collec de l'assoce (Eperluette et Ciboulette, même combat !), ou de Delcourt (quelqu'un m'expliquera le point commun des Conquistador ?), mais généralement, il y a un truc rassembleur, fédérateur, pour guider le public. Et là, Dupuis est méga fortiche, bien que s'éparpillant depuis quelques années (course à la croissance oblige, en particulier avec "empreinte(s") et "expresso"). "Repérages" pour les ados, "Aire libre" pour les adultes (basculant vers une branchitude de circonstance)... Mais revenons au Lombard.

Les "collections du Lombard", "jeune Europe", "vedette" et "classique du rire" sont, pour les premières des raretés très cotées, pour la dernière une collec confidentielle (2 titres seulement, non ?), à la maquette horrible... Des vieux trucs abandonnés il y a bien longtemps... C'est pas sur ça que les éditeurs peuvent compter...

Le nombre de titres par collection est dérisoire ! Histoires de l'histoire : 13, Phylactères : pas grand chose, Histoires et légendes : 20, Marque noire : 2 !!

Signé : 25 titres dans 18 séries, 3ème degré : 38 titres dans 12 séries, 3ème vague (mais qui y a fourré Capricorne ?) : 67 titres en 11 séries, Polyptiques : 36 titres en 9 séries...

Et encore ! les 3 premiers Capricorne et les 4 premiers Odilon Verjus étaient parus hors collection, et placés dans ces nouvelles cases vides.

La collection "signé" est révélatrice du manque d'intelligence de ces éditeurs.
Le Lombard dispose d'un vivier formidable d'auteurs... La maison d'édition rivale possède une collection classe (Aire libre) et a réussi à les débaucher... Bon, il faut 5 ans au Lombard pour réagir, et créer l'équivalent : Signé, maquetté par Cosey, dont j'aime le travail, mais qui n'est pas maquettiste. Cette collection démarre en 93, en annonçant le retour inespéré de Histoire sans héros, récit de Van Hamme, très très classique. Mais Van Hamme est une vedette, et cet album est très attendu. Les premiers livres publiés sont des rééditions de vieux trucs de la collec Histoires et légendes (les Cosey et Histoire sans héros #1). Et elle démarre lentement... Leeenteeement... L'effet suisse de Cosey. La vraie première nouveauté est un album de commande de Cosey, et à ce titre est très dispensable. Arrivent les Franz, Foerster + Andréas... et enfin Histoire sans héros, en 97, soit 4 ans après son annonce ! Qui peut s'intéresser à cette collection après ça ? Qui peut encore en attendre quelque chose ??
Et les éditeurs en changent la maquette... comme on change l'entraineur de l'équipe de foot qui marche pas... Comparée à Aire libre, Signé est ridicule. Peu de titres, et aucune adaptation au goût du public. Là où Dupuis va chercher David B, Blutch, Blain... Le Lombard va débaucher Gazzo + Meyer, Will (pour un navet phénoménal), épuise le pauvre Hermann, ressort un vieux truc (le beau Epoxy recolorisé avec des pieds)...

Alors qui est responsable de ce gâchis ?? Yves Sente, qui de par sa position au sein du groupe Dargaud-Lombard-et-maintenant-Dupuis, fait croire à tout le monde qu'il est le scénariste de Blake et Mortimer et de Thorgal ?? Ampère ? Les fonds de pension qui gèrent les intérêts du groupe ?

J'ai tellement aimé tintin !

Je me suis posé la question de la politique éditoriale en direction des auteurs. Quand on tient un bouquin du Lombard entre les mains, qu'est-ce qu'on est susceptible de connaitre ?

Pour les séries classiques, hors collection, on trouve une petite bio des auteurs, généralement leurs photos (assez immuables au fil des ans), et les titres parus dans la série. Pour Lester Cockney, Capitaine Sabre et Jonathan, on trouve un petit résumé de la série, ou de l'album. Les séries (Comanche et Bernard Prince) de Hermann se renvoient l'une à l'autre, mais c'est un cas quasiment unique : le Lombard ne propose aucune bibliographie de ses auteurs ! Éventuellement, on trouve les titres de l'auteur parus au Lombard (c'est le cas pour les suisses Derib et Cosey)... mais rien au delà de ce pauvre horizon.

Histoires de l'histoire et Histoires et légendes sont des collec sœurs, qui se renvoient l'une à l'autre. Et comme pour signé, on y trouve une petite bio des auteurs, les prix qu'ils ont (éventuellement) ramassés, tous les titres de la collec, et une biblio incomplète en ce qui concerne les publications à l'ennemi.
Le Lombard a donc plus un esprit "collection" qu'"auteur". C'est le point de vue de l'éditeur, où l'auteur est un pion.

3ème vague, 3ème degré et Polyptique, les collec les plus récentes, sont dénuées de toutes infos. Plus de bio, plus de références aux autres séries de la collec...
Il n'y a même plus d'esprit de quoi que ce soit.

Donc, si vous êtes auteur, éviter cet éditeur. Encore plus si vous avez un peu d'expérience.

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